ET SI l'ON PROGRESSAIT encore un peu ? Ou retour aux fondamentaux des accords de NOUMEA...
Extension de réflexions et de propositions d’un citoyen apolitique mais « concerné » par son pays
Il y a quelques jours, j’exprimais plusieurs idées dans « ET SI ON REPARLAIT D’UN DRAPEAU POUR TOUS » ? que je vais reprendre puis prolonger pour aller encore plus loin dans une proposition globale concernant les signes identitaires prévus à l’accord de NOUMEA : ceci pourrait impliquer dans ma réflexion aussi un changement de devise – malgré sa qualité - (nous y reviendrons).
Le mérite et l’objectif réussi de cet accord de NOUMEA, en 1998, a été de poser des mots essentiels, et de définir des processus et des échéances pour les mettre en musique, qui nous ont permis de construire et de vivre 25 ans de paix civile :
« le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L’avenir doit être le temps de l’identité, dans un destin commun. »
Ces mots sont d’ailleurs superbes, pour ceux qui ont été nourris « au lait de la démocratie sincère » et qui comprennent, qu’au-delà de ses imperfections, ce système politique reste le plus susceptible d’apporter aux citoyens ce dont ils ont besoin : de l’espoir, de la liberté, des choix de vie plutôt que l’insoutenable étau du totalitarisme et de l’arbitraire ; mais, continuons :
Je rappelais également : …. « qu’au plan des symboles, des initiatives ont été engagées et concrétisées en 2010 (…) dans trois domaines. Ont été adoptés : une devise « terre de parole, terre de partage », un hymne «soyons unis, soyons frères » et même une graphie des billets en francs Pacifique,ces nouveaux billets devant être mis en circulation en 2014 ».
J’ai essayé de démontrer que : « … ce qui aurait du être la clef de voute des signes identitaires du pays, aurait du être d’abord… la définition « d’un drapeau » reconnu par tous » … sauf à « mettre la charrue avant les bœufs », vieille expression française qui a gardé toute sa « fraicheur agricole et opérationnelle».
Cette démarche d’un drapeau commun était celle réellement prévue à l’accord de NOUMEA et un accord devant être respecté entre partenaires de bonne foi, les chemins de traverse empruntés devraient pouvoir être débattus à nouveau :
c’est à priori le sens d’une commission du drapeau commun qui a, à nouveau, pu être créée au Congrès. Donc essayons de partir du principe que l’espoir d’un retour à une application stricte de l’accord de Nouméa reste possible, et restons positifs !
En quoi un drapeau commun devrait être la clef de voute du reste ? pour résumer mon précédent propos(*) : « …Un peuple n’existe en tant que tel que si ses citoyens ont le sentiment d’appartenir à une seule communauté. Il n’y a de peuple que si des valeurs sont partagées, que si une fierté d’appartenance existe, que si suffisamment de règles communes sont adoptées avec sincérité par les citoyens du même pays. C’est la raison pour laquelle ceux qui respectent l’accord de Nouméa, ceux qui savent que le contrat social en dépend, ne peuvent que comprendre ou défendre l’idée qu’un drapeau commun est indispensable. »…
J’expliquais ensuite qu’au regard des différentes propositions déjà intervenues, ce drapeau pour TOUS prévu à l’accord de NOUMEA … » devrait avoir les qualités suivantes, pour qu’il puisse espérer pouvoir être enfin adopté de cœur par toutes les populations:
- Un symbole fort kanak doit exister au cœur de ce drapeau
- La symbolique et la forme de ce drapeau doivent et peuvent largement s’inspirer du drapeau préconisé par les représentants de la mouvance indépendantiste
- La population loyaliste pour pouvoir adopter un tel drapeau doit pouvoir se retrouver dans un drapeau bleu blanc rouge, fournissant le cadre général.
- Le Bleu de la mer doit apparaitre à l’horizontal pour symboliser la mer qui entoure notre ile, ancrée dans le pacifique. »
J’aoutais que : « … ces qualités sont dans la « nature », « sous nos yeux », dans les différents symboles présentés par les uns et les autres, mais qu’elles n’avaient pas encore été rassemblées réellement dans un seul support.. »
Le drapeau et les différentes couleurs le composant serait alors celui-ci :
(pour la symbolique des couleurs : voir le précédent article (*).
Ce drapeau a été envoyé au Congrès récemment, pour l’étude éventuelle que nos responsables politiques voudront bien lui consacrer.
Au stade où nous sommes du processus de l’accord de Nouméa, nous aurions milité personnellement aussi pour la devise suivante (malgré l’intérêt de celle qui a été précédemment adoptée) :
Avec celle-ci : « Terre Kanak, Terre de France »
Nous aurions ainsi pu disposer d’un drapeau et d’une devise ayant une cohérence d’ensemble, permettant sans changer le nom « NOUVELLE CALEDONIE » (Nom connu internationalement et qui pourrait ne changer éventuellement qu’en cas d’indépendance), de respecter pleinement toutes les légitimités communautaires, de rester cohérent avec notre positionnement dans l’ensemble français, tant que le peuple souverain n’aura pas exprimé localement son souhait d’une plus grande émancipation par des voies démocratiques.
Par contre, avant même ce moment de la ou des consultations démocratiques des populations, nous aurions pu compléter pour le peuple kanak la dimension symbolique importante et centrale qu’il revendique dans les symboles culturels de la Nouvelle Calédonie et que définit l’accord de Nouméa » :
Nous serions ainsi dans une position idéale pour poursuivre notre évolution d‘une communauté de destin partagée, avec le SOCLE IDENTITAIRE SUIVANT :
NOUVELLE-CALEDONIE
Terre Kanak, Terre de France
Ce socle de reconnaissance légitime ne gênerait en rien la suite du processus, soit d’émancipation définitive, soit de large autonomie, selon la décision finale du peuple souverain.
En cas de non indépendance, nous aurions enfin des attributs d’un pays de large autonomie, représentant toutes nos communautés en les rassemblant sans les diviser, dans un signe identitaire unique.
En cas d’indépendance demandée par le peuple, ces attributs pourraient être revisités pour tenir compte de la nouvelle expression souveraine et voir si la définition des attributs de notre pays émancipé mériterait alors une nouvelle révision, de fait de moindre ampleur et plus facilement acceptable par tous.
Citoyennement votre.
( *) NOTA : voir l’article « ET SI ON REPARLAIT D’UN DRAPEAU POUR TOUS »
ET SI l'ON REPARLAIT D'UN DRAPEAU POUR TOUS ( article pour la Presse et le CONGRES du TERRITOIRE - 06/2013)
Réflexions et propositions d’un citoyen apolitique mais « concerné »
L’accord de Nouméa signé en 1998 et qui est venu compléter les Accords de Matignon de 1988 a dans l’ensemble plutôt réussi depuis cette date à donner un cadre satisfaisant et évolutif pour que la vie politique de notre « pays » puisse s’organiser entre les différentes communautés dans un « destin partagé ».
L’idée exprimée en 1998 était notamment celle-ci : « le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L’avenir doit être le temps de l’identité, dans un destin commun. »
Que s’est –il passé ensuite pendant la période allant de 1998 à 2013 ? dans l’ensemble, le rééquilibrage politique a eu lieu avec une participation forte des indépendantistes aux différents organes de décision, le rééquilibrage économique et d’infrastructures entre Provinces a progressé même si des difficultés subsistent : le développement des iles loyauté est souvent jugé insuffisant par ceux là même qui y ont présidé, les populations du Nord et des iles qui devaient davantage se fixer dans leurs Provinces en parallèle à un certain développement économique ont connu des flux migratoires internes au pays, persistant à se déplacer dans le Sud pour les raisons habituelles : proximité de la grande ville, espérance d’emploi, de formation, d’aides, ou pouvoir d’achat meilleur avec des prix moins élevés que dans les provinces Nord et Iles, plus isolées.….
Tout ceci n’est pas sans poser des questions financières (clefs de répartition finançant les Provinces pour l’instant figées, le Sud participant fortement financièrement au développement des autres Provinces) ou de cohérence d’ensemble des politiques des Provinces, sur des questions qui engagent l’intérêt global de la Nouvelle-Calédonie.
Si de nombreuses questions économiques, sociales, et politiques restent en suspens, un des domaines sur lequel l’évolution demeure difficile et qui a été source de nouvelles tensions dans la période récente est celui des signes identitaires.
Citons les accords de NOUMEA : « 1.5 –les symboles- des signes identitaires du pays, nom*, drapeau, hymne, devise, graphisme des billets de banque devront être recherchés en commun pour exprimer l’identité kanak et le futur partagé par tous. » ‘ (*NOTA : pour le nom, il s ‘agit d’une possibilité de changer le nom par loi de pays à la majorité qualifiée, pas d’une obligation)
Au plan des symboles, à partir de 2007, des initiatives ont été engagées, concrétisées officiellement en 2010 (loi de pays du 18 aout 2010) dans trois domaines. Ont été adoptés : une devise « terre de parole, terre de partage », un hymne «soyons unis, soyons frères » et même une graphie des billets en francs Pacifique,ces nouveaux billets devant être mis en circulation à compter de janvier 2014.
En parallèle, ce qui aurait du être la clef de voute des signes identitaires du pays, la définition « d’un drapeau » reconnu par tous a suivi des chemins de traverse, jusqu’à arriver à une situation différente de ce qui était prévu à l’accord de NOUMEA.
Un vœu pour la juxtaposition de deux drapeaux (vœu du Congrès le 13.07.2010) et donc quelque part un antagonisme «revendiqué » et la perte d’envie de rechercher des symboles qui unissent les communautés est intervenu à peu près à ce moment.
Les signes identitaires adoptés « hymne » et « devise » sont pour l’instant anachroniques avec la situation constatée. Ils semblent peu utilisables, tant qu’un drapeau reconnaissable par tous n’est pas reconnu. On note d’ailleurs qu’ils ne sont pas adoptés par la population à ce jour, « ni même connus » et comment le pourraient-ils « sans un drapeau commun », qui demeure le symbole clef, le « poteau central de la case commune » pourraient dire nos concitoyens kanaks?
Alors on pourrait se dire, après tout pourquoi se tracasser pour des symboles ? l’essentiel n’est-il pas de garantir un bon niveau de vie et de libertés aux populations et le reste suivra ? le problème, c’est juste que cela ne fonctionne pas comme ça…
Un peuple n’existe en tant que tel que si ses citoyens ont le sentiment d’appartenir à une seule communauté. Il n’y a de peuple que si des valeurs sont partagées, que si une fierté d’appartenance existe, que si suffisamment de règles communes sont adoptées avec sincérité par les citoyens du même pays. C’est la raison pour laquelle ceux qui respectent l’accord de Nouméa, ceux qui savent que le contrat social en dépend, ne peuvent que comprendre ou défendre l’idée qu’un drapeau commun est indispensable. Ceux qui défendent une autre idée sont dans une autre logique, celle qui suppose un affrontement probable, voire une partition possible * (* la partition de la NC est éliminée par principe dans l’ADN – voir point 5. L’évolution de l’organisation politique de la NC).
Partant de là, des initiatives ont d’ailleurs eu lieu ou sont en cours. Les indépendantistes proposent leur drapeau pour « tous », ce à quoi l’autre camp répond que le drapeau indépendantiste est un drapeau de combat politique et qu’il ne saurait représenter l’ensemble des citoyens.
Le drapeau français reste notre drapeau officiel, mais en restant bloqué sur ce seul drapeau, sans rechercher une adhésion des kanaks de notre population qui ne s’y reconnaissent pas (ou plus totalement), on ne respectera pas l’Accord conclu qui précise que les signes doivent « exprimer l’identité kanak » et « le futur partagé entre tous ».
D’autres initiatives pour un « drapeau commun » sont intervenues qui n’ont pu aboutir pour différentes raisons, qui tenaient soit au timing de présentation, soit au fait que les couleurs, les formes, les symboles pouvaient heurter la sensibilité des différentes composantes de notre peuple (ou de leurs représentants), notamment.
A l’observation des différents travaux intervenus, il m’est apparu, dans le travail de réflexion entrepris (avec deux amis graphistes, à qui j’avais soumis cette idée de réfléchir ensemble à un « autre » drapeau pour tous) qu’un drapeau commun à présenter à la « réflexion collective » devrait avoir les qualités suivantes, pour qu’il puisse espérer pouvoir être enfin adopté :
- Un symbole fort kanak doit exister au cœur de ce drapeau
- La symbolique et la forme de ce drapeau doivent et peuvent largement s’inspirer du drapeau préconisé par les représentants de la mouvance indépendantiste
- La population loyaliste pour pouvoir adopter un tel drapeau doit pouvoir se retrouver dans un drapeau bleu blanc rouge, fournissant le cadre général.
- Le Bleu de la mer doit apparaitre à l’horizontal pour symboliser la mer qui entoure notre ile, ancrée dans le pacifique.
En gros, on pourrait simplifier en disant que ces qualités sont dans la « nature », « sous nos yeux », dans les différents symboles présentés par les uns et les autres, mais qu’elles n’avaient pas encore été rassemblées réellement dans un seul support, ce que nous proposons ici.
Cette étude de notre « petit collectif » aboutit donc à une proposition de « drapeau commun pour la Nouvelle-Calédonie » que nous versons ce jour dans les réflexions collectives en cours.
Le drapeau et la symbolique des différentes couleurs le composant sont présentés ci-après.
Nous ne prétendons pas bien sûr avoir trouvé « le » drapeau futur de l’ensemble d’un peuple calédonien totalement et définitivement réconcilié, mais nous pensons qu’un tel drapeau serait forcément proche de celui que nous présentons ici.
Il appartient bien sûr désormais aux politiques de faire avancer ce dossier avec la commission compétente prévue au Congrès (nous leur enverrons d’ailleurs notre proposition).
Enfin, notre sentiment est qu’un drapeau reconnu par tous ne pourra exister à l’avenir que si l’ensemble du peuple exprime directement et majoritairement sa volonté de l’adopter ce qui supposera de le soumettre à un référendum.
Les autres signes identitaires (hymne et devise) devront - pour être véritablement assimilés – être également adoptés individuellement par référendum.
Citoyennement votre.
Proposition de drapeau pour tous – NOUMEA – 06/2013
EXPLICATION DE LA SYMBOLIQUE DE CE PROJET DE DRAPEAU :
Sa symbolique découle d’une interprétation stricte de l’Accord de NOUMEA signé le 05 mai 1998 qui définit une double légitimité « Kanak » et Non kanak » et la notion de « destin commun » pour tous.
Elle repose sur les principes suivants :
Le peuple premier mérite une reconnaissance particulière de sa culture dans ce drapeau : son cœur « battant » utiliserait donc largement les symboliques tels que les nationalistes kanaks l’ont créé dans leur engagement politique : flèche faitière noire au centre, maintien des couleurs rouges et bleus, proportion 1 :2 plutôt que 2 :3 comme le drapeau français.
Les autres populations et la France qui ont participé soit au développement soit à la sécurité et au rayonnement de la Nouvelle Calédonie au XX° jusqu’à ce jour, en donnant à son territoire une stature, un développement, et une langue internationale reconnus dans le concert des nations sont représentés par les couleurs du Bleu, du Blanc, du Rouge, qui magnifient la flèche kanak noire, situé au centre.
Ce drapeau pourrait légitimement prétendre représenter la double légitimité de notre terre australe, et permettre de faire la synthèse de nos cultures en assimilant notre passé commun, nos traits culturels communs comme la langue principale, reconnue internationalement mais aussi la culture symbolique kanak, représentée par la flèche faitière.
Ce drapeau aurait les attributs pouvant permettre de bâtir pour tous nos enfants le support d’une vision commune et ensuite d’une fierté d’appartenance, qui peut seul définir un « pays
L’analyse par les couleurs :
LE BLEU : il symbolise la couleur de la mer, notre appartenance à la communauté du Pacifique. Nous sommes une île donc un peuple de la mer.
Le ROUGE : il est la couleur du feu et du sang. Il représente la force vitale, la vertu guerrière, les forces libératrices, la couleur de la volonté du peuple, et aussi le symbole de l’union des clans par le lien utérin.
LE BLANC : il représente la virginité, la synthèse du passé pour se tourner ensemble vers l’avenir et rappelle la proximité culturelle et politique de la Nouvelle- Calédonie et de la France.
LE NOIR/LA FLECHE FAITIERE : la flèche faitière et sa toutoute symbolise l’unité de notre pays, l’appel au respect à la solidarité entre les communautés et à la reconnaissance de la force culturelle du peuple kanak qui accepte de partager et de comprendre avec les autres populations l’irréversibilité des temps révolus et la sagesse de se tourner tous ensemble vers l’avenir.